"La littérature est un fleuve. A sa source, se trouvent les livres qu'a aimés un enfant." Geneviève Brisac

mercredi 6 juin 2012

Papa passionnément !

Après les mamans, c'est au tour des papas d'être mis à l'honneur. A quelques jours de la fête des pères, alors quel papa êtes -vous ?


Papa poule ou papa migrateur ?

Dans le Nid de Zidrou et David Merveille, "c'est la fin de la journée, un petit garçon attend son papa dans la cour de l'école. Mais alors que les autres parents viennent à pied ou en voiture, c'est du ciel que le sien arrive ! Et c'est sous son aile qu'il chemine avec lui jusqu'à la maison ..."




Un nid douillet niché au coeur d'un arbre touffu, au centre de la ville. Papa joue avec son fiston et lui prépare à souper. Quand maman et son petit frère arrivent enfin, c'est la magie des retrouvailles et le bonheur d'être tous réunis. Peu importe les cauchemars, rassuré par son père et couvé par l'amour parental, l'enfant se rendort paisiblement. Et parce qu'il faut apprendre à devenir grand pour prendre son envol, c'est avec plaisir que le petit garçon prend à nouveau le chemin de l'école, le lendemain matin, sous l'aile de son papa ...



A l'aide d'un texte extrêmement épuré, Zidrou fait le portrait doux et tendre d'une famille heureuse, à travers les moments clefs du quotidien parfaitement identifiés par un enfant. Le rythme est lent et posé, nous présentant chaque petit moment comme un moment de partage et d'amour dont on peut profiter.

David Merveille donnent aux parents des ailes au propre comme au figuré...De grandes ailes, duveuteuses et souples qui enveloppent, sécurisent ...de grandes ailes, garantes de l'harmonie du cocoon familial.
Un magnifique petit album qui a littéralement fasciné notre petit garçon de 3 ans ...













"Les papas migrateurs sont de drôles d'oiseaux. Ce petit garçon-là en sait quelque chose, lui dont le papa est si souvent absent. Alors entre deux escales de son migrateur bien-aimé, il enfile ses mini-ailes et joue, lui aussi, à partir en attendant de devenir grand."
Avec Mon papa migrateur de Thomas Scotto et d'Elodie Nouhen, un petit garçon nous parle de son papa qui voyage beaucoup. Il nous parle de ses absences, des ses retours et surtout de l'amour indefectible qui les lie.
Le texte de Thomas Scotto est émouvant, emprunt de poésie. Aucun reproche ici, nous devinons seulement le manque, la tendresse de ce petit garçon pour ce papa qui fait le matin très tôt des "bisous à bientôt".


Quant aux illustrations d'Elodie Nouhen, elles sont pleines de douceur, alternant des couleurs chaleureuses avec des couleurs plus sombres, pour mieux retranscrire l'Amour et le manque qui animent tour à tour l'enfant.



Le petit prince n'est pas loin , tant dans la blondeur, que dans le questionnement et la naïveté de ce petit garçon ...une magnique déclaration d'amour pour tous les papas.







Papa rassurant ou papa exaspérant ?

Dans Tous les soirs du monde de Dominique Demers et Nicolas Debon, "C'est l'heure d'aller se coucher". Quand ces mots retentissent, tous les enfants savent ce que cela veut dire : il faut se brosser les dents, aller au lit et affronter le monde des ombres de la nuit.
Simon, lui, fait sa toilette, monte l'escalier, se glisse dans son lit et crie : "Paaapaaa !!!"



Tous les soirs du monde, c'est pareil. Le papa de Simon se prépare à endormir la planète. Il remonte donc la couverture jusqu'aux pieds de son fils en prononçant la formule magique destinée à endormir les animaux de la savane. Quand la couverture se pose sur les genoux de Simon, il a endormi les habitants des fonds marins...Petit à petit, les mains remontent jusqu'à la tête du petit garçon, qui a déjà fermé les yeux ... pour mieux voir le monde .

Guidé par son papa, il traverse les continents, le ciel, les océans pour s'assurer que tous les êtres vivants vont dormir, eux aussi. Son père termine en faisant disparaître les créatures maléfiques et en réveillant le monde des fées afin d'assurer de beaux rêves à son enfant.




Pour Simon, la plongée dans le monde du sommeil se fait donc toujours en douceur, grâce au rituel poétique, rassurant, grâce à ce moment d'intimité et de tendresse qui le lient à son papa.
Un très beau texte qui nous emmène loin, très loin ...Quant aux illustrations, magiques, elles alternent des représentations de la réalité, sages, un peu figées, aux tons doux, orangés et des représentations de l'imaginaire à travers de grands tourbillons entrainant les animaux dans les mystères de la nuit et utilisant des couleurs lumineuses, éclatantes.

Une magnifique invitation au rêve, à partager avec son Papa, à l'heure du coucher.















Comme elles sont rassurantes, les mains de Papa d'Emile Jaloul. "Ce sont elles qui sentent bouger bébé dans le ventre de maman. Qui peuvent bercer son petit corps tout entier et rattraper le petit enfant qu'il devient, en bas du toboggan. un seul des grands doigts de Papa suffit pour le guider. Jusqu'au jour où le petit n'en a plus besoin sauf pour les câlins !"



C'est un petit trésor que ce bel album aux pages cartonnées, que les petites mains prendront plaisir à tourner. Ce livre met au centre cet adorable bambin qui grandit, heureux, protégé par les grandes mains enveloppantes de son papa.

Dans ce livre presque sans texte, les onomatopées accompagnent l'image évocatrices de scènes quotidiennes "toc,toc, toc", "Mmm", "Clip clop"...guidant l'enfant pas à pas.



Les images rondes et remplies de tendresse mettent en valeur la complicité entre ce papa et son fils, sans pour autant en exclure la maman et en faisant passer l'émotion en toute simplicité.








Mon papa, il est grand, il est fort, mais ... de Coralie Saudo et Kris Di Giacomo.
...Tous les soirs, c'est la même histoire. Il faut être gentil avec lui, sinon il ne veut pas aller au lit, on essaie alors la fermeté, mais très souvent, ce n'est pas suffisant ... Et là, ça se complique : D'abord, il se met à courrir partout. Il n'y a qu'une histoire qui en vient à bout ! Le problème, c'est que terminée, il en veut une deuxième; et pourquoi pas trois, non plus ...Il ne faut pas exagérer, cela doit bien s'arrêter !
Il se laisse enfin border, suivent alors les supplications, les simagrées, les bouderies sous les draps et pour finir les négociations interminables pour laisser la lumière dans le couloir.



Un cérémoniel épuisant que tous les parents connaissent bien; sauf qu'ici, ce n'est pas un enfant qui a du mal à se coucher mais bien son papa ! Un papa "grand et fort" mais ...qui a peur du noir ! C'est donc son fils qui peine. Et ce n'est pas drôle du tout pour le fiston qui aimerait bien aller au lit "mais si je file me coucher, il arrivera tout doucement en disant "Fiston, je peux dormir avec toi ? " Et là, pour le recoucher, ce sera mission impossible !"

Lorsqu'un papa écume personnellement tous les stratégèmes habituellement inventés par l'enfant pour ne pas se coucher, l'histoire devient hilarante, desarmant n'importe quel petit garnement.
Les illustrations de Kris Di Giacomo, entre crayonnés et collages, traits naïfs et expressifs adoptent des tons doux et tendres (propices au sommeil qui sait ?).
Parents et enfants riront beaucoup de cette parodie joliment amenée qui fera peut être comprendre aux enfants ce que c'est que d'être un papa, le soir à l'heure du coucher ...








Apprenti Papa ou Papa aguerri ?

Le grand papa et sa toute petite fille de Cathy Hors et Samuel Ribon.

"Il était une fois un très grand monsieur qui rêvait d'être papa. Il aurait un garçon ou une fille, un grand petit garçon ou une grande petite fille. Il lui montrerait un tas de choses très amusantes, la tête dans les nuages. Et un jour, le très grand papa eut une fille, une toute petite fille ..."





Comment faire pour se (re)trouver, lorsqu'on est si différent ? Décontenancé, ce nouveau papa tente tout de même de partager des moments forts avec sa minuscule petite fille. Seulement, les expériences qu'il lui propose ne sont pas adaptées : la petite fille, en se promenant sur les épaules de son père, a le vertige; elle est griffée par une branche, à moitié assommée par une pomme et se prend même les cheveux dans les nuages ...







Desamparé, le papa ne sait plus comment s'y prendre. Heureusement, sa petite fille a beaucoup de très bonnes idées qui vont leur permettre de partager des moments précieux ensemble. Ce très bel album parle des étapes que traversent un papa : la différence entre l'enfant réel et l'enfant imaginaire, ses questionnements, sa maladresse, son Amour, l'attachement réciproque, sa protection,...



Ce très bel album parle des étapes que traversent un papa : la différence entre l'enfant réel et l'enfant imaginaire, ses questionnements, sa maladresse, son Amour, l'attachement réciproque, sa protection,...
Quant aux illustrations sensibles et "ouatées", aux couleurs pastel, elles enveloppent ce papa et son enfant d'une grande tendresse et d'une certaine sérénité, malgré la maladresse de l'un et la fragilité de l'autre.
L'univers onirique et délicat de Samuel Rybon prend des allures de Paradis.









Dans L'amour qu'on porte de Jo Hoestlandt et Carmen Segovia, un adulte se souvient des longues promenades qu'il faisait, enfant, le dimanche avec son père. L'absence du père pendant la semaine rendait particulièrement précieux chaque instant de ce tête-à-tête tant espéré.


"Les autres jours, il n'était pas là. Mais le dimanche, si. Et nous allions nous promener là où ma mère ne m'emmenait jamais ..." Ainsi débute le récit de cet enfant narrateur qui nous conte les différentes promenades faites avec son père au cours de sa vie, lors d'étapes essentielles : l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte. la promenade en forêt se fait métaphore de la relation entre un père et son fils, aux différents âges de la vie.

"J'aimais ces longues marches avec mon père. mais très vite, je trébuchais, je pleurnichais. Alors mon père se baissait vers moi, et avec un beau sourire, il m'installait à califourchon sur ses épaules, pour que l'on puisse, tous les deux, continuer le chemin." Et quand l'enfant demandait à son père s'il n'était pas trop lourd, celui-ci le rassurait toujours :"Ce qu'on porte avec amour, n'est jamais trop lourd"
Le temps passe, le petit garçon grandit. Jeune adulte, il part et connait l'amour éphémère d'une jeune fille, première note de déception relative à l'amour. Un jour, il décide de refaire la traditionnelle promenade avec son papa. Les choses ont quelque peu changé : le temps a passé, des usines ont poussé à l'horizon et ...les rôles se sont inversés. Au tour du père de se faire couvrir chaudement avant de sortir, de mettre ses pas dans les pas de géant de son fils, de se fatiguer, de trébucher ...au tour du fils de le prendre sur ses épaules...


Il aura suffi à Jo Hoestlandt et Carmen Segovia une vingtaine de pages, traitées à la manière d'un album souvenir, aux illustrations simples, sobres et symboliques et au texte poétique s'adressant à nos émotions, pour nous dépeindre, à travers une histoire universelle (qui ne nomme ses personnages, ni ne désigne ses lieux), ce qu'est l'amour filial; cette petite tâche rouge tenace qui perdure, immuable malgré le temps qui passe. Ce sentiment qui se transmet au fil des générations, qui se doit d'être réciproque et demeure indispensable à tout être humain.












Dans Mon papa est comme ci de Sandrine Beau et Soufie, l'époque a changé, les pères à attaché-case, quasi-étrangers à la vie familiale, se sont transformés en papas de proximité. Pourtant , certains clichés restent tenances. Alors, un vrai papa, c'est comment ?



Deux petits garçons en débattent. Quand l'un d'eux annonce que son papa fait des gâteaux, pour l'autre enfant, c'est certain, il est forcément pâtissier ! Quand le premier poursuit en racontant que son papa reste à la maison, change les couches et fait le ménage ...aucun doute possible, il est au chômage ou "ta maman l'a divorcé !" ...






Dans ce bel album à la couverture molletonnée et aux pages glacées, Sandrine Beau se joue, à l'aide de mots d'enfants, de tous les préjugés, avec simplicité et humour.
Quant aux illustrations de Soufie, aux couleurs pastel et tendres et aux rondeurs enfantines, elles finissent de rendre ce petit album irrésistible.
A mettre d'urgence entre toutes les mains (petites et grandes) !!!










Papa des villes ou papa des champs ?

Dans Mon père, c'est le plus fort, un album écrit et illustré à 4 mains : le loup des villes alias Frédéric Kessler rencontre son cousin le loup des bois, alias Edouard Manceau.



Les deux cousins que tout sépare, sont accompagnés de leurs rejetons, copies conformes de leur père respectif. La rencontre se promet donc d'être explosive !



Les deux "adultes" se lancent en effet dans une joute verbale, où chacun se vante d'être le plus beau, le plus fort, le plus intelligent sans omettre de traiter l'autre de tous les noms d'oiseaux. On apprécie la référence aux différents contes traditionnels tels que les 3 petits cochons, les 7 biquets,... dans la narration de leurs exploits.

Chez les enfants qui vouent une admiration sans faille à leur père, le ton monte également jusqu'à en venir aux pattes ! Les papas penauds se rendent compte du mauvais exemple qu'ils ont pu être pour leur progéniture et font alliance pour rattraper les choses.



La suite est toute aussi délicieuse. Un album drôle à savourer en famille et qui montre aux plus jeunes que le comportement des adultes est loin d'être toujours exemplaire; que parfois eux aussi se laissent déborder par des sentiments tels que la colère ou l'orgueil, mais que l'apaisement, le dialogue et la colaboration restent possibles et ouvrent des horizons souvent bien plus savoureux !









Papa solo ou en couple ?



Le papa qui avait 10 enfants de Bénédicte Guettier est un papa mal rasé, débordé (qui ne le serait pas) et surtout débordant d'amour !
Il s'occupe seul et sans relâche de ses 10 bébés, les prépare le matin (10 petits déjeuners, 10 petites chemises, 20 petites chaussettes, 20 petites chaussures, ...), les emmène à l'école, va travailler, les récupère le soir, les baigne, leur prépare à dîner et les met au lit, non sans avoir pris le temps de leur lire une histoire .






Ce papa a quand même un rêve bien à lui. La nuit, il se construit un bateau. Le bateau prêt, il confie ses 10 bambins à leur grand-mère et embarque en solitaire, pour 10 mois de répit ... Mais le voyage ne durera que 10 jours. 10 jours au bout desquels, il se languit de ses 10 amours et fait vite demi-tour. Vivre avec eux est peut être harassant mais en être séparé est insupportable.
A l'image des illustrations, l'histoire est simple : pas de jugement, mais simplement l'amour d'un père pour ses enfants.








Marius de Latifa Alaoui M et Stéphane Poulin relate avec simplicité le regard enfantin d'un petit garçon de cinq ans sur sa nouvelle vie après le divorce de ses parents. "Maintenant maman a un amoureux et mon papa aussi."



Pas facile de parler d'homoparentalité à un public si jeune. Pourtant Latifa Alaoui s'en sort ici à merveille. Elle aborde le sujet à travers la vision et les expressions d'un enfant ce qui apporte légereté et humour au propos.
"L'amoureux de maman n'aime pas qu'on lui coupe la parole et l'amoureux de papa rouspète quand je parle en même temps que le monsieur de la télévision."

Cet album ne présente pas une vision idéalisée ou naïve de l'homoparentalité. Marius est un petit garçon comme les autres, il ne souffre pas de cette nouvelle union. Il est juste confronté à l'incompréhension de sa grand-mère par exemple à qui il expliquera que "deux garçons ensemble c'est pas "mal""; ou encore à la surprise de la maîtresse, auprès de qui c'est sa maman qui clarifiera les choses, mettant en lumière la solidarité des deux couples autour de la reconstruction de Marius après la séparation des ses parents.


Le discours n'est donc pas "c'est génial d'avoir un père homosexuel" mais plus "ce n'est pas une catastrophe ou une honte". Le seul militantisme de cet album serait donc un militantisme contre l'intolérance.


Quant aux illustrations un brin rétro de Stéphane Poulin, elles s'inscrivent dans l'univers enfantin de l'imagination et du jeu. Elles nous rappelent ainsi que Marius est avant tout un petit garçon qui aime les pirates et les voitures télécommandées.
Un bel album à mettre entre toutes les mains.







Dans l'apprentissage amoureux, Laetitia Bourget et Emmanuelle Houdard avaient pris le parti de prolonger la conclusion des contes traditionnels "...ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.", par une série de questions sur les difficultés que soulève une relation toute amoureuse soit-elle.

Dans Les heureux parents, la sublime princesse et le prince vaillant n'ont pas encore eu beaucoup d'enfants, ils attendent "juste" le premier ... Que de joies, de doutes et de questionnements les attendent dans cette aventure ...




Par les illustrations hautes en couleur (vêtements tantôt scandinaves, tantôt asiatiaques, personnages de profil à la manière des égyptiens, pomme d'Adam et Eve ou de blanche-neige, hamburgers et tire-lait tout ce qu'il y a de plus moderne...), ils sont de tous les pays, de toutes les époques.

Par leurs préoccupations, ce sont, Nous, parents ordinaires, qui découvront les (des)agréments de la vie de famille depuis la grossesse jusqu'au départ des enfants devenus grands.


Quand la princesse habitée, la peau du ventre tendue, ne se reconnait plus, et se voit affublée par l'illustrartice d'une queue de baleine ou de sirène ...
Quand leur manque de sommeil creusait leurs yeux fatigués...lovés dans un lit en forme de coeur.



Quand les couches pleines s'amassaient à n'en plus finir, ...



Quand le prince se sentait exclu alors que la princesse était toute entière absorbée par ce petit être.



L'une des forces de cet album est la façon dont s'articule à merveille le texte ancré dans le quotidien (scandant chaque épisode de la vie à l'aide d'une phrase de structure répétitive) avec les illustrations fantasmagoriques fourmillant de détails dont les plus grands profiteront certainement plus encore.


Un album sans concession, d'une grande sensibilité, débordant de tendresse et d'amour que l'on referme en se disant que c'est quand même un sacré bonheur que d'être parents !

























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